François Hollande, président français, a inauguré le 6 octobre 2015 le nouveau fleuron de la CMA-GM : le « Bougainville. Dernier né de la série des porte-conteneurs géants il annonce quelques 17 760 EVP détrônant ainsi son prédécesseur le « Jules Verne ». Pas encore inauguré qu’on annonce déjà d’autres à venir de 18 000 et jusqu’à 20 000 EVP.

La question posée est de savoir jusqu’où on peut aller dans cette course au gigantisme.

On sait que la recherche de tailles toujours plus grandes en matière de navire est motivée par celle des économies d’échelle. Rien de bien original à cela et les économistes l’ont suffisamment démontré.  On sait également et par ailleurs que au-delà d’une taille critique l’économie d’échelle se transforme en son contraire, c’est-à-dire en déséconomie d’échelle. Les navires sont trop gros pour accéder à la plupart des ports et sont obligés de prolonger le transport principal par des feeders plus maniables et moins contraignants pour les ports. 

Ces porte-conteneurs géants ne peuvent se contenter d’outillages approximatifs pour leur chargement et déchargement. Plusieurs portiques d’un coût unitaire de plus de 6 millions de dollars sont nécessaires pour travailler le navire simultanément et le dispatcher dans les meilleurs délais. La moindre congestion portuaire ou grève dans les ports et le résultat d’exploitation devient cauchemardesque.

La valeur des « facultés » devient également un pari dangereux pour les assureurs/réassureurs. 

Par ailleurs dans le contexte d’une économie mondiale qui s’essouffle comment assurer un remplissage optimal de ces navires ? 

Il y a donc urgence à réfléchir sur ce que pourrait être la taille optimale d’un porte-conteneurs. Le coût d’acquisition et les charges financières sont lourdes, l’amortissement trop long pour courir le risque d’ignorer la question et continuer cette course effrénée au gigantisme.